Une éthique de la sagesse

Philosophe grec, il est le fondateur, en -306, de l'épicurisme, l'une des plus importantes écoles philosophiques de l'Antiquité.

En physique, il soutient que tout ce qui est se compose d'atomes indivisibles. Les atomes se meuvent aléatoirement dans le vide et peuvent se combiner pour former des agrégats de matière. L'âme en particulier serait un de ces agrégats d'atomes, et non une entité spirituelle, notamment d'après son disciple Lucrèce. En éthique, le philosophe grec défend l'idée que le souverain bien est le plaisir, défini essentiellement comme « absence de douleur ». En logique ou épistémologie, Épicure considère que la sensation est à l'origine de toute connaissance et annonce ainsi l'empirisme. De ces trois aspects, c’est l’éthique qui apparait comme le plus reconnu généralement par ceux qui se reconnaissent « épicuriens ».

Ceux qui s’y référent pensent que la clé de la sagesse épicurienne consiste à comprendre que nous pouvons être heureux si nos désirs, au lieu d'être illimités, se ramènent à la dimension restreinte des besoins de notre corps. L'usage de « épicurien » correspond donc à une déformation de la doctrine d'Épicure, qui passe à tort uniquement pour un hédonisme. A l’opposé de leurs contemporains stoïciens, les épicuriens accordent au hasard une place centrale. Il n’y a pas de Destin, ni de Providence, chez eux ; tout est affaire de hasard et de nécessité.

Un autre aspect de la pensée d’Épicure touche à la matérialité de l’âme, des dieux, de l’univers et des sensations. L’épicurisme est et restera la seule philosophie matérialiste à ne pas nier l’existence  des dieux, mais des dieux fait homme puisque : « Vivre comme un dieu exige que l'on cesse de croire aux dieux. Ainsi, la leçon des épicuriens est que la philosophie change les hommes en dieux en leur enseignant qu'il n'y a pas sur cette terre d'autres dieux qu'eux-mêmes dès lors qu'ils auront cessé de croire et vainement d'espérer. 
Toutefois, on peut admettre que la pensée centrale d’Épicure se résume en une « morale du bonheur ». C’est sans doute un des premiers philosophes à avoir pensé un humanisme intégral, c'est-à-dire une conception humaine sans autres postulats qu’humains. Sa morale est un eudémonisme, c'est-à-dire une morale du bonheur. Mais l’épicurisme est également un hédonisme, c'est-à-dire une morale du plaisir qui n’est pas nécessairement la jouissance à laquelle se réfèrent pourtant beaucoup de ceux qui se disent « épicuriens ». Néanmoins, c’est cette dernière définition qui l’a fait connaitre et condamner. Aujourd’hui encore, la tradition populaire considère qu’un épicurien est celui qui aime prendre son plaisir à table et au lit.

Pourtant Épicure ne fait pas l’apologie du plaisir en lui-même et prend soin d’établir trois distinctions :
- Les plaisirs naturels et nécessaires (boire quand on a soif, manger quand on a faim) qui sont les meilleurs et auxquels il convient de s’adonner.
- Les plaisirs naturels et non nécessaires (boire et manger avec raffinement ou au-delà du besoin) qui ne sont les meilleurs et certes pas mauvais en soi, mais le sage doit s’en méfier tout de même et n’en user qu’avec modération.
- Les plaisirs non naturels et non nécessaires (l’ambition, l’amour des richesses et des honneurs) qui naissent de mauvaises présentations comme l’envie de varier, le souci de plaire et de dominer qui se transforment en ce que nous appelons de nos jours des addictions. Le sage doit les éviter absolument car ils sont fauteurs d’immenses troubles personnels et extra-personnels.

Enfin, pour Épicure, ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses. Ainsi parlant de la fin de vie, le philosophe raisonne ainsi : « la mort  ne nous concerne pas, nous n’avons rien à faire avec elle puisque tant que nous sommes en vie, elle n’est pas là, et quand elle est là, nous n’y sommes plus ». Donc aucune rencontre possible entre elle et nous : c’est littéralement elle ou nous.